mardi 25 novembre 2014

Chroniques:GRAHAM DAY & + VIETCONG PORNSURFERS + BLACK MOTH + GEORGE DAWES GREEN



GRAHAM DAY And The FOREFATHERS
Good things, LP, CD, Digital
Own Up Rds
Drôle d’idée que ce nouvel album signé par Mister Day & de ses boys.
Mais quel résultat !!!
Avec un line up qui regroupe une telle quantité de talents, rien de plus normal !
Ces trois-là : Graham Day, Allan Crockford et Wolf Howard se sont constitué en groupe pour être un tribute band aux chansons signées par Graham Day à travers sa carrière. Ce qui devrait être seulement un hommage devient un album, sorte de best of de son œuvre. 12 versions enregistrées en 2014 de certaines des plus belles chansons de Graham Day. A mon avis ce MONSIEUR n’en a jamais écrite de mauvaises (en tout cas pas sur les albums que j’ai, et ça commence à faire un paquet).
Ici on retrouve 6 titres des SOLARFLARES, trois des PRISONERS, deux des GAOLERS et un des PRIME MOVERS. Enregistré vite et tellement bien pour garder la tension nécessaire à ses chansons, le disque montre l’étendu du travail du maitre, magnifiées par l’interprétation d’un trio qui se connait par cœur. Les versions sont différentes des originales, dans le même état d’esprit : just sexy. Au final que vous connaissiez déjà son œuvre ou pas : voici un album qui régale intégralement de la première à la dernière note.
[BT]


VIETCONG PORNSURFERS
We spread diseases, CD, Digital
Dangerous Rock Rds
2ème album pour ce quatuor suédois, 12 titres de Punk’n’Roll hyper emballant ! Un croisement parfait entre Generation X et Gluecifer avec une élégance Rock’n’Roll qui les place pas loin des Only Ones avec un jeu tendu et enthousiaste.
Les chansons déboulent rapidement mais cette vitesse ne prend jamais le pas sur le côté mélodieux et accrocheur.
Avec leur recette simple les Vietcong Pornsurfers réussissent à composer des titres qui rentrent dans votre tête pour y rester longtemps.
Le tempo enlevé joue très en faveur de l’excitation que procure ce disque qui recèle aussi d’une petite touche de Glam Punk’n’Roll comme en distillaient les Backyard Babies quand ils étaient excellents ou Turbonegro sur son dernier album.
Ce 2ème album regorge de très nombreux atouts qui devraient permettre aux Vietcong Pornsurfers de se faire très rapidement un nom dans la scène européenne. Comme en plus ils ne chôment pas au niveau des concerts et enchainent les tournées je pense qu’ils devraient vite s’imposer comme un groupe important !!!
En tout cas avec un album qui régale autant il ne peut en être autrement !
[BT]


BLACK MOTH
Comdemned To Hope,
New Heavy Sounds Rds
Ah ben merde quel putain de bon album que voilà. Le deuxième du groupe de Leeds. Même le nom du label n’est pas mensonger.
Ce qui marque de prime abord c’est la très bonne voix de la chanteuse : parfois mélodieuse, agressive, à d’autres moments elle s’adapte judicieusement au registre très étendu de la musique de Black Moth. Qui va du Heavy Rock au Grunge, pique un peu au Nu Metal, et aux 70’s (moins que la concurrence, et tellement mieux), certains passages pourraient évoquer un Faith No More (pour le talent dans l’éclectisme) en très grande forme, d’autre sont une sorte de Thrash Metal quasi symphonique. On peut aussi penser à Electric Wizard, les deux groupes partageant surement une même fascination pour l’occulte mais chacun la traite à sa façon. Le titre de cet album et sa splendide pochette étant une indication très pertinente concernant la vibe de ce disque !
La production de Jim Sclavunos (Nick Cave & the Bad Seeds, Cramps…) nous éloigne du clacissisme stérile du Metal actuel et convient parfaitement aux compositions de Black Moth dont le registre est fort varié le tout au service d’une très forte personnalité. Jubilatoire !
[BT]


GEORGE DAWES GREEN
JACKPOT
Le Livre de Poche Editions, 425 pages, 13,60 euros

Il faut parfois se méfier des 4ème de couverture, sur celle-ci on apprend que George Dawes Green est l’auteur du roman qui a donné le film La Jurée (que je n’ai pas vu pourtant il y a Demi dedans…) mais c’est une information qui tend à donner une mauvaise indication concernant ce roman ci. En revanche ceci explique qu’il ait bénéficié d’une belle édition française.
De fait j’ai appris l’existence de ce roman parce que c’est un ami qui en a assuré la traduction : l’immense Vincent Guilluy a.k.a Vinz ex bassiste des incroyables HOLY CURSE, actuellement dans 3 HEADED DOGS (leur 1er et très attendu album devrait sortir début 2015 chez rien de moins que Closer Rds) et CHARLES DE GOAL (dont on espère qu’ils seront plus fort que la mort), il est aussi l’accompagnateur européen de Penny Ikinger et de Ron Peno… http://3headeddog.fr/
Il avait déjà participé à la traduction de l’autobiographie de Pete Townshend…
Enfin bref me voici avec ce très bel objet entre les mains (la couv’, et le papier sont class ça fait quand même plaisir). Le titre français est plus ‘judicieux’ que l’original et surtout plus explicite et opérant de ce côté-ci de l’Atlantique !

Car ce qui est très réussit dans ce roman c’est l’analyse des personnages, de leurs choix, et de leur mise en action quand l’événement survient.
L’évènement déclencheur c’est le Jackpot du titre. Parfait symbole du monde dans lequel nous vivons, où la seule perspective, le seul espoir de s’en sortit pour qui que ce soit c’est de réaliser un gros coup.
Ce qui rend le roman encore plus opérant c’est le choix des personnages qui y sont mis en scène.
Car si l’histoire se passe en Géorgie en plein Sud des Etats Unis, et qu’y déboule deux jeunes hommes partit de l’Ohio afin de faire une virer en Floride, elle nous épargne les clichés White Trash, ici on parle de membres de ce qui reste de la Middle Class. Celle qui craint la paupérisation, ce qui conditionne sa vie quotidienne et ses rêves.
Tout ceci tend à lui donner une valeur universalisant qui pourrait s’appliquer à une bonne part du monde occidental où le capitalisme sauvage a créé de telles différences entre les plus riches et les pauvres que ceux qui sont entre deux passent plus de temps à craindre ceux qui sont en dessous.
C’est cette disparition de la classe moyenne comme moteur de nos sociétés qui explique pour partie la violence de l’époque. Violence qui surgit dans le roman au moment où apparait l’argent.
Bien sûr ce roman est aussi très américain dans la mesure où il se déroule en plein cœur de la Bible Belt et qu’il contient de nombreuses références extrêmement spécifiques que les notes du traducteur éclairent de façon simple et efficace. Cependant l’élément religieux est important dans l’intrigue mais pas primordial.
Ici pas de démonstration didactique (ça n’est pas un roman français quoi) le message, si message il y a, est transmis par la force du récit, en cela aussi c’est un roman très américain. Et très plaisant.
Roman Noir à dimension sociologique avec un bon côté page-turner mais sans obsession du cliffhanger. Intelligent mais sans démonstration, et finalement très empathique avec ses personnages enfermés dans un monde totalement hors de leur contrôle.
Et plus que tout, roman du plaisir de la lecture.
Bertrand Tappaz



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